Trois jours à Porto nous ont permis d’aller de la source à la bouteille et de mieux comprendre d’où viennent et que deviennent les Portos, de leur prime jeunesse à leur belle vieillesse.
Samedi, premier rendez-vous à Villanova de Gaia, là ou tous les Portos se retrouvent pour s’affiner, se bonifier, dans des caves plutôt fraîches, grâce à l’Atlantique toute proche. La première maison vue, c’est Ramos Pinto: une cave de grande notoriété tenue par des portugais visionnaires de père en fils, depuis au moins 4 générations. Accompagné d’un guide charmant et parlant un français presque parfait, on visite un musée. Ce sont les anciens bureaux, avec de très beaux azulejos, début du vingtième, quelque peu grivois. On voit aussi toute la publicité et les outils publicitaires de la même époque, avec de très belles affiches. Visite de la cave : on découvre les gros foudres qui permettent de faire les « ruby » et les petites barriques qui contiennent « les tawnys ». La dégustation est de grande qualité, nous découvrons un très bon rouge du Douro et 5 portos, 5 couleurs, 5 styles très différents. www.ramospinto.pt.
Avant de rentrer à notre hôtel, nous découvrons Porto, ville étrange et belle, étrangement belle. Je ne sais pas s’il y a de la joie ou de la tristesse dans les ruelles. C’est très ancien, beaucoup de maisons avec des azulejos, des céramiques bleues incroyables, de très belles églises, mais aussi des îlots très délabrés, des plafonds crevés. Une chose est sûre, nous ne sommes pas dans une ville léchée, une ville musée. A l’hôtel, en poussant la porte à tambour , le temps s’est arrêté. On pourrait croiser des écrivains du début du siècle dernier, des anglais en villégiature. Que c’est agréable de deviser dans ces canapés très confortables, de boire un porto tonic au bar et aussi de profiter de la terrasse offrant une vue extraordinaire. www.grandehotelporto.com. Nous avons bien dîné au restaurant Abadia: de la morue , c’est incontournable et pour les plus aventureux: des tripes, c’est la spécialité de Porto. www.abadiadoporto.com.
Le dimanche, c’est le temps du voyage. Nous allons loin, là ou poussent les vignes, à environ 150 km de porto, à l’est. Nous prenons le train à la gare Sao Bento, magnifique. Puis, tranquillement, le train, en longeant le Douro, nous emmène à Régua. C’est en bateau que nous iront au coeur du vignoble, à Pinhao. La lenteur nous permet d’apprécier les paysages spectaculaires. Toutes les vignes en terrasses, les petits murets en schiste, sur des terrains très escarpés, plongent dans le Douro. La végétation change, il y a des oliviers, des amandiers. Fini le climat océanique,tout doucement s’installe le climat méditerranéen. A la Réal Companhia Velha, c’est Alvaro, l’agronome, qui nous reçoit. C’est un furieux, comme les vignes, le climat, les terrasses…. Avec lui, on comprend que la vigne s’inscrit dans un paysage, en harmonie avec d’autres plantes, chacun ayant son rôle à jouer. Alvaro, c’est le roi de l’agriculture raisonnée. Si on résume sa philosophie en une phrase, on pourrait dire: « réfléchissons bien à ce qu’on nous a donné, laissé et appliquons-nous à cultiver le présent pour pouvoir transmettre un futur de qualité ». C’est Maria, parfaitement bilingue et d’une éloquence inégalable qui nous a permit de comprendre complètement l’état d’esprit d’Alvaro.On a goûté un blanc magnifique, original, qui s’inscrit dans la lignée de « condrieu ». Hélas, pressés par le temps, nous n’avons pas pu apprécier tous les vins à leur juste mesure.www.realcompanhiavelha.pt .
Lundi, visite d’une autre grande maison: Taylor’s. Là, c’est pareil, on est à la quatrième génération de producteurs, des anglais cette fois-ci ! Le style est différent. La visite, menée de façon magistrale par Olivia, est parfaite, d’une limpidité rare. Nous comprenons toutes les différences entre tawny, ruby, vintage, LBV. Je vous laisse un schéma pour que vous compreniez. Ensuite, la dégustation de cinqs vins a lieu dans un délicieux jardin, sous une tonnelle, au milieu de roses anciennes. Les vins sont superbes, j’ai une petite préférence pour le « tawny 20 ans d’âge », très complexe, délicat sur les fruits secs et pour le LBV, ardent, presque viril, très concentré. Un arrêt sur la terrasse et c’est déjà la fin du voyage.www.taylor.pt . Rendez-vous en Meuse pour les truffes à l’automne…
Chanceux, nous avons pu prolonger, profiter des poissons grillés à Matosinhos, boire un verre face à la mer et écouter du fado avant de s’en aller.
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