BD vins pour Noël
J’ai eu la chance de découvrir qu’un de mes élèves Laurent a créé avec des copains, un site génial sur les BD. Et ce n’est pas un petit site à la « papa » comme le mien : c’est à mon avis le site de référence. Ça s’appelle BDGEST. Vous trouverez toutes les BD que vous cherchez. Et il y a des avis, des interviews avec les auteurs. Une BDthèque qui référence des ouvrages depuis 60 ans et cerise sur le gâteau des premières pages en exclu…
Laurent nous fait le plaisir de partager ses commentaires sur plusieurs BD. Et pour la petite histoire, il a rencontré et interviewé au Japon, les créateurs des Gouttes de Dieu, le célèbre manga. J’ai donc choisi dans un premier temps 3 BD dans sa sélection et vous allez pouvoir choisir vos BD vins pour Noël.
Je vous ferai part de ses autres découvertes dans un autre article. Vous pouvez retrouvez toute ma sélection de livres dans la rubrique « des lectures ».
hroniques de la vigne – conversation avec mon grand-père (1013 – Ed° Glénat)
Quand Fred Bernard demanda une préface à son grand-père pour Les Chroniques de la Vigne, celui-ci lui rétorqua : « Mais qu’est-ce que tu veux que je rajoute Fred ! Le vin, c’est toute ma vie ! ». Il faut dire que les deux hommes sont nés les pieds dans les vignes. Si le premier a finalement embrassé une carrière artistique, le deuxième a exploité les terres familiales en Bourgogne, à Savigny-les-Beaune. Et à quatre-vingt-dix ans, des anecdotes, il en a à revendre.
Pour ceux qui connaissent un tant soit peu l’œuvre de Fred Bernard et les fameuses aventures de Jeanne Picquigny, Les Chroniques de la Vigne ne sont pas si éloignées que cela de la sexy baroudeuse. Jeanne possède elle aussi des vignes et vit, quand elle ne parcourt pas le monde, à Savigny. L’auteur est profondément marqué par son enfance passée sur les célèbres terres viticoles. Si son parcours professionnel l’a conduit vers d’autres lieux, il garde de cette époque une douce chaleur enivrante qu’il a décidé de mettre en images. Il a fallu quinze ans pour convaincre son grand-père d’ouvrir son livre de souvenirs, mais le résultat valait bien cette attente.
Voici l’avis de Laurent
Si le vin, dans toutes ses déclinaisons, est bien évidemment au centre de ce gros bouquin de cent-cinquante pages, la famille, au sens le plus large du terme, occupe aussi une place importante. Les courtes saynètes consacrées à chaque scène de vie regorgent d’humour, de tendresse et d’humanisme. On se surprend à ressentir au fil de la lecture de l’attachement pour ce vieil homme. L’empathie de Fred Bernard est décidément communicative. Aux pages souvent très bavardes, succède une autre, muette cette fois, sur laquelle on s’attarde quelques instants avant de parcourir un extrait des Effets psychologiques du vin d’Edmondo de Amicis. La chaleur des peintures renforce le bien-être persistant. Pas de fioriture, très peu de décors, le dessin illustre discrètement le témoignage, essentiel.
Des brèves de comptoir à quelques réflexions plus philosophiques, et ce sont des instants de partage qui sont offerts, chacun puisant son bonheur là où il le souhaite. Un livre simple mais généreux et terriblement humain.
La critique BDGest de L. Gianati : https://www.bdgest.com/chronique-5794-BD-Chroniques-de-la-vigne-Conversations-avec-mon-grand-pere.html
Sommelier (2006- Edition Glénat)
Côté série
Joe Satake est sommelier. Parmi les meilleurs incontestablement, il semble toutefois avoir abandonné les concours et la course aux distinctions qui font le sel de cette discipline. S’il ne refuse pas les défis qu’on lui lance, il souhaite surtout mettre sa connaissance du vin au service des autres, pour leur permettre de goûter au bonheur.
Dans le manga, les titres basés sur l’esprit de compétition sont nombreux et les disciplines variées (sports d’équipe ou de combat, mais aussi jeu de go ou concours de boulangerie par exemple). Sommelier n’est pas avare en tests à l’aveugle qui permettent d’exposer le talent de Joe et la précision dont il fait preuve force l’admiration. Heureusement, il n’y a pas que cela et les auteurs ne cèdent pas non plus à un autre travers prévisible : le recours au légendaire vocabulaire imagé est utilisé sans excès. Car il en est du vin comme du jazz pour lequel, à force de zèle, les spécialistes donnent parfois dans le bavardage abscons en oubliant l’essentiel : la vacuité, l’inutilité de vouloir traduire en mots ce qui touche au plaisir, donc à l’émotion ressentie.
L’intrigue
Grâce à des intrigues simples mais agréables à suivre (dans le tome 1 la quête de la dive bouteille qui le rapprocherait du souvenir de sa mère qui l’avait initié au plaisir du vin, dans le tome 2 la volonté de renverser des situations difficiles traversées par des personnes qui semblent en valoir la peine etc.), Sommelier mise sur l’humanité plutôt que sur la technique. Joe Satake a beau paraître bien jeune, son vécu et son sens de l’observation façonnent son parcours et apportent du réconfort à ceux qu’il croise. Les auteurs ne manquent jamais de rappeler que « c’est l’homme qui fait le vin » et pas seulement un cépage, un terroir et des techniques. Le lecteur n’est jamais dépassé par les quelques éléments didactiques et nécessaires, qui agrémentent les chapitres, bercé qu’il est par l’évocation et la description de ces crus qui font rêver et qu’il aimerait tant, rien qu’une fois, goûter.
Même si rares doivent être ceux qui atteignent le niveau de connaissance des « simples » clients des restaurants dans lesquels officie le sommelier. La mise en scène est vivante, et chapeau également au dessinateur pour réussir à présenter les séances de dégustation sans donner l’impression d’une litanie aux airs de déjà-vu.
Avis
Les amateurs de vin et de bonne chère devraient se laisser porter par ce manga (6 volumes) qui ne manque pas d’intérêt. Les buveurs d’eau, sourire en coin, passeront probablement leur chemin, vite rejoints par les amateurs de bacchanales furieuses. Car il est finalement bien sérieux Joe Sakate, et concentré sur son art. Le tombeur qui cueillait les jeunes femmes comme les raisins mûrs en période de vendanges dans les premiers « vintages » (nom donné aux chapitres) s’assagit bien vite. Peut-être pour ménager un lecteur qui ne saurait plus à quelle griserie se vouer ?
La critique BDGest par L. Cirade : https://www.bdgest.com/chronique-1625-BD-Sommelier-Volume-2.html
Et Château Bordeaux
Pour les amateurs de séries rétifs au style manga, voici une saga en dix tomes née du côté des Bordeaux.
Depuis son retour au Domaine du Chêne courbe, Alexandra Baudricourt a dû affronter les épreuves les plus variées. La pérennité de l’exploitation viticole n’est donc toujours pas assurée et proposer à nouveau un vin digne de ce qu’il a été autrefois ne sera pas une mince affaire, tant les bourdes commises pour l’élevage des millésimes précédents se sont accumulées. Par ailleurs, les circonstances de la mort de son père demeurent mystérieuses et l’appui de ses frères n’est pas des plus fiables puisqu’ils se présentent, tour à tour, comme des soutiens ou des obstacles aux projets de la jeune femme. Enfin, s’il est question d’héritage, celui-ci ne s’exprime pas qu’en termes de legs du Château familial, mais aussi de transmission de secrets et de rivalités cultivés au fil des années…
L’intrigue
Pour peu que l’on goûte aux intrigues familiales et à une forme de tempo réglé comme du papier à musique, le récit se suit sans déplaisir. L’architecture reposant sur des couches successives de révélations synonymes de coups de théâtre, de périodes d’abattement ou d’euphorie auxquels est soumise Alexandra, risque d’en lasser quelques-uns tandis que le procédé maintiendra l’intérêt des autres, notamment les amateurs de romances au sens large. L’introduction d’éléments didactiques (les ravages de l’oïdium et le phylloxéra dans le tome 3, les caractéristiques de certains cépages ou les erreurs à ne pas commettre au moment de la vinification par exemple) évite d’ailleurs de jouer uniquement sur le registre des coups bas, des trahisons et des rancunes soigneusement entretenues au sein d’un microcosme à l’origine un peu étroit.
Avis
Si l’envie de poursuivre la lecture est préservée, c’est aussi parce que la partie graphique se révèle séduisante et particulièrement bien adaptée au genre. Que ce soit pour arpenter les parcelles de vignes, et sonder les chais ou flâner dans les rues et les intérieurs bordelais, bien épaulé par une colorisation la plus chaleureuse possible, Espé fait tout ce qu’il faut pour livrer une mise en images suffisamment dynamique et réaliste pour faire oublier quelques situations un rien prévisibles. S’il n’y avait quelques ciels un soupçon trop « photographiques » dans leur rendu, il n’y aurait rien à redire.
Curieux des choses du vin sans oser l’immersion dans les discours trop techniques, amateurs de récits romanesques plus que de reportages en bande dessinée, de réalisme sans aller jusqu’à réclamer des témoignages, Châteaux Bordeaux vous est destiné.
Les critiques BDGest par L; Cirade : https://www.bdgest.com/chronique-4496-BD-Chateaux-Bordeaux-Le-Domaine.html
sinon il y a « les ignorants » d’Etienne Davodeau. C’est l’une des meilleures BD sur ce thème à mes yeux; ça narre le récit croisé de l’auteur qui s’initie au vin (méthode de production, dégustation etc…) avec un producteur qui, lui, va s’initier à la bande dessinée via Etienne Davodeau lui même.
Tout simplement génial !
Des chais d’oeuvre ? 😂
Super j’ai trouvé mes idées de cadeaux 🙂