Le vin d’Algérie : De l’origine du mot Pied-Noir
Paul Max en plus d’être un élève charmant est chargé de Mission sur les mémoires de la guerre d’Algérie, ONACVG, Ministère des Armées.
Grace à son expertise, il nous livre des informations très intéressante sur l’origine du mot Pied-Noir et de son rapport direct avec le vin.
Dès 1830 :Les Français d’Algérie
De 1830 à 1962, l’Algérie a été consécutivement une colonie et trois départements français. Au milieu du XIXe siècle, des centaines de milliers d’européens s’installent sur les côtes Algériennes et dans les terres fertiles de la Mitidja. Fuyant la misère ou les persécutions, tentant l’aventure ou répondant simplement aux appels à coloniser, ces européens feront souche en Algérie. Ils y fonderont des familles, coloniseront les villes et pour certains tenteront l’implantation de vignobles.
En effet, si la culture du raisin et du vin sur les terres algériennes remonte à l’Antiquité, l’arrivée des Européens, que l’on appellera bientôt les Français d’Algérie, s’accompagne d’une augmentation significative de la culture de la vigne.
Dans les années 1850, le gouvernement général d’Algérie met par exemple à disposition des plans de vigne pour chaque colon s’installant dans les centres de colonisation dans les environs d’Oran. Mais ces tentatives se soldent souvent par des échecs. Les pieds de vigne européens prennent peu et les colons sont mal formés à la culture de la terre locale. Dans les environs d’Alger, on note néanmoins le succès de quelques domaines viticoles notamment des fameux vins des coteaux de l’Harrach.
1875 : Arrivée massive de viticulteurs Languedociens
L’épidémie de phylloxéra en 1875 en France va partiellement détruire le vignoble métropolitain. De nombreux viticulteurs et ouvriers agricoles de l’Hérault, du Gard ou de l’Aude tentent alors l’aventure en Algérie pour y reconstituer des vignobles. C’est un succès. Ils apportent un savoir-faire précieux En quelques années, les plaines du Tell et les coteaux du littoral algérien se couvrent de vignes. 125 000 hectares sont plantés. En 1880, le vin devient la première source de revenu de l’Algérie coloniale. En 1904, l’Algérie produit 8 000 000 d’hectolitres.
Affiche publicitaire pour un vin d’Algérie 1927
En ce qui concerne les cépages, on trouve principalement du Carignan, du Cinsault, de l’Alicante Bouschet et du Mourvèdre pour les rouges et rosés puis du Muscat, du Dattier de Beyrouth, de la Sultanine, de l’Ameur Bou Ameur et du Tizourine Bou Afraraet pour les blancs.
Ce vin est ensuite principalement exporté vers la France où il sert au coupage des vins métropolitains.
Arrivée du vin d’Algérie au port de Sète en 1878
1962 :Quelques lectures bachiques indépendance de l’Algérie, arrivée des Pieds Noirs en France
En 1962, les Algériens accèdent à l’Indépendance à la suite d’une guerre déchirante. La plupart des Français d’Algérie sont rapatriés en France. Rapatriement qui pour beaucoup d’entre eux n’en est pas un car c’est souvent la première fois qu’ils mettent les pieds en métropole. Dans les années 1960, ils se voient désigner comme Pieds Noirs. Un terme longtemps péjoratif qui a depuis été réhabilité par les associations de rapatriés.
Beaucoup de mystères et de légendes entourent l’origine du mot pied-noir. Il y a d’ailleurs peut-être autant d’interprétations que de pieds noirs, dont les talents de conteurs sont chaleureusement légendaires.
Quid de l’expression « Pieds Noirs ? »
Longtemps, il était fait référence aux bottes noires des soldats français ayant conquis l’Algérie en 1830, qui par extension auraient donné le nom de pieds noirs aux colons. Mais cette hypothèse n’est soutenue par aucune référence historique. En 1952, on note l’existence d’un groupe de jeunes Français à Casablanca, au Maroc, qui se nomme pieds noirs en référence aux Indiens américains qu’ils voient dans les westerns. Mais nous ne trouvons pas de traces de la généralisation de cette source.
L’hypothèse la plus probable est encore une histoire de vin. Elle est double. Une première serait liée à la coloration des pieds suite au foulage du raisin par les viticulteurs d’origine du Languedoc en Algérie. Ils seraient alors appelés pieds noirs. La généralisation de ce terme serait ensuite liée à cette pratique du mélange des vins d’Algérie aux vins du Sud-Ouest. Les journaux du Midi annonçaient chaque année l’arrivée du vin algérien comme celui des pieds noirs. A l’Indépendance, ce terme aurait par extension été généralisé à l’ensemble des Français d’Algérie débarquant en métropole, parfois par les mêmes bateaux que ceux qui amenaient les tonneaux de sang noir.
Intéressant morceau d’histoire
Merci pour cet article.
Super article et histoire très intéressante! Merci!
Tres intéressant, merci!
Un peu d’histoire qui nous fait grand bien…
Merci.