La Géorgie : le berceau du vin – 8000 ans d’histoire
Les célèbres vignobles de Géorgie
Venir découvrir le vin géorgien et plus précisément la Kakhétie vous tente ?
- Vous voulez vous rassurer dans vos connaissances, vos goûts, votre confort? Alors, surtout ne venez pas, car vous seriez très déçu(es).
- Vous voulez découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles saveurs, une autre culture, une autre façon de boire? Alors, venez en Géorgie, et vous ne serez pas déçu(es).
Remettre à zéro le compteur de nos connaissances
En matière de cépages :
Il y a environ 500 cépages en Géorgie, aucun n’est cousin avec les nôtres… Les plus notables s’appellent (attention les yeux) Mtsvane, qui veut dire « vert », Rkatsiteli pour les blancs et Saperavi pour le rouge. On peut mélanger les cépages, dans la vigne, dans la cuve, les blancs, les rouges, bref, tout ce qui est interdit chez nous. Le fameux Saperavi est un cépage teinturier à peau rouge et pulpe rouge, il fait le vin le plus réputé, ultra balèse et sans doute très bon l’hiver. Chez nous, on ne peut pas faire des vins de qualité avec un teinturier.

Mtsvane
En matière d’appellations :
Il y a bien quelques appellations en Géorgie, 18 au total et 15 en Kakhétie, mais ce n’est pas le souci principal du vigneron d’appartenir à ces dernières. Mise à part l’appellation Mukuzani pour les rouges, on parle plus volontiers des cépages.
On peut aussi transporter les raisins d’un bout à l’autre du pays, ce n’est absolument pas un problème. Il faut plutôt le faire la nuit, il fait plus frais et vous pourrez donnez à votre vin le nom de la région d’ou le raisin provient.
En vinification :
Il n’y a ni cuves, ni pressoirs, ni barriques, très peu d’érafloirs. On n’utilise pas de levures, très peu de souffre et il n’y a que des Qvevris (grandes cuves en terre cuite enterrées).
Jamais il n’y a un souci pour les fermentations, qui se déroulent très bien. Chez nous, ça peut-être la terreur du vigneron: une vinification se passe mal et le vin est foutu…

Marani : caves où sont enterrées les qvevris
Alors, me direz vous, il y a un truc.
Et bien oui, il y a un truc, même des trucs. Déjà, les levures indigènes sont exceptionnelles, selon Vincent, le vigneron du domaine Lapati,
« S’il y a quelqu’un qui bosse en Géorgie, c’est les levures… »

Elevage en Qvevri
Le receptacle qui reçoit les raisins, la Qvevri, jarre en terre cuite enterrée, a des vertus quasi-magiques. Je ne suis pas sûre qu’on ai pu dévoiler tous les secrets de la qvevri scientifiquement à ce jour. Après la fermentation alcoolique, dite tumultueuse, on laisse le chapeau de marc (la peau, la rafle, les pépins), et celui-ci va servir de filtre naturel au vin. Le schéma ci- contre explique bien ce qui se passe. Au bout d’environ 6 mois, le chapeau de marc sera descendu au fond de la jarre et le vin sera filtré. Le vin blanc et le vin rouge se font de la même façon, donc les blancs sont tanniques. Le passage long des blancs dans la qvevri les teinte et ils deviennent oranges.
En matière de consommation:
Peut-être aviez-vous entendu vaguement parler des vins rouges géorgiens doux ou tendres. Je pensais que c’était une grande spécialité géorgienne. En fait pas du tout, les géorgiens se sont juste adaptés à leurs plus gros clients que sont les russes et qui adorent le vin rouge sucré.
Les géorgiens préfèrent le vin blanc, et boire répond à une codification et à des moments très particuliers. Non, on ne boit pas spécialement de vin à table, oui, le vin blanc qui est orange et tannique se sert chambré. Non, il n’y a pas d’accessoires, pas d’artifices, ni bouteilles, ni bouchons, ni tire-bouchon.
La sopra:
On boit pour des occasions, qui peuvent être multiples, formelles et/ou informelles. Les géorgiens sont de grands fêtards. L’instabilité légendaire de ce pays, liée aux convoitises de ses voisins, la géographie tourmentée entre le petit et le grand Caucase, poussent sans doute les habitants à célébrer très souvent le moment présent.
La sopra, c’est le banquet, elle est orchestrée par un maitre de cérémonie: « le tamada ». Il va porter des toasts et organiser l’enivrement méthodique et digne des convives. Il faudra chanter, pleurer, rire, encore danser, manger et boire.
Chacun -mais pas chacune- peut organiser une sopra. Il est donc très important d’avoir au moins une qvevri dans son jardin, de façon à toujours pouvoir organiser une fête. Inutile d’embouteiller le vin, un simple récipient fera très bien l’affaire.

Petite supra organisée en notre honneur au détour d’un chemin de village
Cet été, j’ai pu aller à la rencontre de nombreux vignerons géorgiens. Leur démarche originale et leur philosophie m’a séduite. Les vins sont très intéressants, très construits et très aboutis.
J’ai découvert tout cela au mois de juillet. Dans un prochain épisode, vous retrouverez un programme détaillé de ce voyage prévu pour l’été 2019.
La Géorgie c’est aussi cela :
Ça donne envie. On va faire quelques supra pour s’entraîner.
Karim, viens au WE truffes, c’est un bon entraînement de « soprano »
Bonjour Marielle,
Merci pour l’article.
Sur les 500 cépages, combien sont effectivement cultivés aujourd’hui ?
Pourquoi les exportations vers la France sont aussi rares ?
Olivier
Bonjour Olivier,
Je pense que tous ces cépages sont cultivés de façon plus ou moins anecdotique. La Géorgie, est un tout petit pays de la taille de la Suisse, ils n’ont sans doute pas la capacité pour exporter en France. De plus les règles en France sont drastiques quand il s’agit de vin : chauvinisme oblige… La langue russe maitrisée dans toute la Géorgie facilite aussi les échanges.
Bel article, Marielle. Je l’ai transmis à ma sœur qui l’a trouvé très intéressant et s’est trouvé confortée ds son envie d’aller visiter la Georgie.
Et toi avec !
merci pour ce résumé très riche ! En fait tout est absolument différent, c’est dingue et super intéressant.
le vin blanc qui est en fait orange et qui est servi chambré c’est pas mal ça donne envie 😉
et en fait il semblerait qu’ils soient depuis toujours en biodynamie tes amis vignerons Georgiens 😉
Olivier, ils ne sont pas spécialement en biodynamie, plutôt en bio je dirais mais il n’y a pas de label précis. En tout cas, ils réfléchissent et ce qui les motivent c’est de faire bon.
OUAH ! Merci pour tous ces commentaires et belles photos. j’attends donc la suite…..